Croyances

L’attachement aux idées serait un facteur important dans la culture de la pensée dogmatique et de la violence ?

C’est ce que j’ai compris des recherches que j’ai faites dans ce sens :

Selon Daniel Favre (1), le couple émotions / cognition est neurobiologiquement indissociable.

L’affect est peu considéré et valorisé dans notre culture contrairement à la raison et la compréhension.

Ceci a pour effet :

→ de renforcer la croyance que ma perception est la vérité

→ d’accorder moins d’importance à l’inconfort et à la perte de sécurité qu’occasionnent les changements de repères dans les représentations (la capacité à remettre en question une croyance)

Ceci impacte directement notre créativité et notre capacité à apprendre.

Cette culture nous incite à chercher des certitudes plus ou moins conscientes pour pallier cette perte de sécurité. Elle peut aller jusqu’à l’ivresse addictive (phénomènes de dépendance et de tolérance/accoutumance) aux certitudes.[2]

Alfred Korzybski a travaillé et essayé de comprendre ce qui fait que les humains sont à la fois capables de découvertes technologiques et médicales remarquables et de s’entretuer.
Toujours selon [1], le fonctionnement neurobiologique humain se scinde en trois modes :
→ Le système de motivation de confort (SM1)
→ Le système de motivation de création (SM2)
→ Le système de motivation d’addiction (SM1add)
C’est en vivant le SM2 qu’on construit notre confiance dans nos capacités d’apprentissage. Dans notre capacité à nous adapter à diverses situations et à créer. Sans quoi on peut se retrouver englué·e dans la peur de l’incertitude qui appelle à trouver plus de certitude pour retrouver de la sécurité.

Ce n’est pas seulement l’intérêt qui fait s’entre-tuer les hommes. C’est aussi le dogmatisme. Rien n’est aussi dangereux que la certitude d’avoir raison. Rien ne cause autant de destruction que l’obsession d’une vérité considérée comme absolue. Tous les crimes de l’histoire sont des conséquences de quelque fanatisme. Tous les massacres ont été accomplis par vertu, au nom de la religion vraie, du nationalisme légitime, de la politique idoine, de l’idéologie juste ; bref au nom du combat contre la vérité de l’autre, du combat contre Satan.

François Jacob, Le jeu des possibles.

Ce stage est donc une tentative de cultiver la fluidité dans notre attachement à nos croyances pour sortir de la pensée dogmatique.

Une note d’espoir :

Les travaux de Sigmund & Nowak publiés dans la revue Nature en 98 invitent l’humanité à « gravir la marche de la réciprocité indirecte » pour faire face aux défis à venir.

De leur côté, Jacques Lecompte (la bonté humaine) et Baral & Decety & Mason dans un article pas très vegan (Empathy and prosocial behaviour in rats) confirment le postulat fondamental de la CV : Les humains aiment contribuer au bien être les un·e·s des autres.

Ou se situe notre liberté ? Epictète disait qu’elle se situe dans l’usage que l’on fait de nos représentations.

[1] L’addiction aux certitudes, Daniel Favre
[2] On parle ici d’« addictions sans drogue » (sports, achats, jeux, travail, violence…)

Suite au stage, voici un témoignage qui m’a touché :

Mille mercis Michel pour ce merveilleux week-end de découverte. Ça parait fou mais à un moment, avec la question « qui serais-je si cette croyance disparaissait ? » j’ai eu l’impression de me décoller de mes identifications, l’intuition que je sentais / comprenais qch de l’éveil, la sortie de l’ego et la rencontre avec qch comme le « nous ». Cette expérience était complètement fondée sur l’adhésion au paradigme CNV. Bon ça n’a pas duré hein mais c’était merveilleux et le souvenir me porte. Par ailleurs les pratiques m’ont apporté beaucoup de clarté et j’ai souvent bénéficié de soutiens très précieux des partenaires.
Je te remercie du fond du cœur pour le cadre précis, dynamique, très clair que tu nous as proposé et pour la beauté et la joie qu’ont nourries la guirlande végétale, la musique, l’accueil avec boissons chaudes et douceur. En même temps que tout ce que nous avons vécu expérimenté découvert, l’alliage d’attention humaine, de lien, de réflexion et de plaisir est très inspirant